Pourquoi c’est difficile de changer (même quand on le veut) ?

Je parle ici du changement opérant dans le processus thérapeutique d’une personne, autrement dit le changement de sa manière « d’être-au-monde », qui peut sembler long et difficile. Mais je vous assure que ce n’est pas impossible. Et que le jeu en vaut la chandelle. 🙂

Allons y, explorons cette question.

Que ce soit pour modifier un comportement, dépasser une peur ou transformer une dynamique relationnelle, le changement est souvent désiré mais difficile à mettre en œuvre car de nombreuses résistances entrent en jeu à un niveau cognitif, émotionnel ou corporel.

1. La force des schémas inconscients

Depuis la psychanalyse jusqu’aux thérapies humanistes, on reconnaît que notre psychisme est structuré autour de schémas inconscients formés dès l’enfance. Ces schémas déterminent notre manière de percevoir le monde et d’interagir avec lui. Même lorsqu’ils nous desservent, ils procurent un sentiment renforcé de stabilité et de cohérence, qu’il est donc difficile de modifier.

Exemple : Une personne ayant grandi avec des parents distants émotionnellement peut avoir intégré inconsciemment que « l’attachement est dangereux ». Même si elle comprend rationnellement que toutes les relations ne sont pas comme celles de son enfance, son corps et ses émotions continueront à activer ce schéma dans ses relations adultes.

2. Les résistances au changement

La Gestalt-thérapie parle de ces résistances comme d’un mécanisme naturel de défense et de protection contre ce qui nous est inconnu.
Les résistances peuvent prendre différentes formes :

  • Cognitives : rationalisation, minimisation du problème (« ce n’est pas si grave »).
  • Émotionnelles : anxiété face à l’inconnu, peur de l’échec ou du rejet.
  • Corporelles : tensions musculaires, blocages somatiques, évitement des sensations désagréables.

Il est important de comprendre que la résistance n’est pas un obstacle à combattre, mais un signal indiquant que le changement vient toucher des dimensions profondes du soi qui sont solidement ancrées depuis notre enfance. C’est un endroit extrêmement précieux et intime, c’est le « cœur de notre enfant intérieur » qu’il faut considérer avec délicatesse et bienveillance dans l’espace thérapeutique.

Seulement alors la résistance pourra se relâcher et le changement se produire, pas à pas pour une transformation durable et respectueuse de la personne vers ce qui est mieux ajusté pour elle aujourd’hui.

3. L’ancrage corporel des expériences passées

Les émotions et les traumatismes sont non seulement des souvenirs cognitifs, mais aussi des expériences stockées dans le corps. Même si une personne comprend intellectuellement qu’elle peut dépasser une peur ou un schéma limitant, son corps peut continuer à réagir comme si elle était encore en danger.

C’est la différence entre :

  • ce que je sais (mentalement)
  • ce que je comprends
  • ce que j’accepte
  • ce que j’intègre (corporellement)

Dans une thérapies holistique et corporelle comme la Gestalt-thérapie, nous travaillons sur cette mémoire implicite pour permettre une transformation en profondeur.

4. L’environnement et les interactions sociales

Nos relations influencent notre capacité à changer. Parfois, notre entourage maintient involontairement nos anciens comportements parce qu’ils font partie d’un équilibre relationnel.

Par exemple, une personne qui décide d’affirmer davantage ses besoins peut rencontrer une résistance de son entourage, habitué à son ancien rôle.

En conclusion,

Comment favoriser le changement ?

  • Prendre conscience des résistances et les explorer avec bienveillance pour qu’elles puissent être acceptées puis transformées.
  • Travailler sur le corps et les émotions pour ancrer le changement au-delà de la compréhension cognitive.
  • Expérimenter progressivement de nouveaux comportements plutôt que d’espérer un changement radical immédiat non-pérenne.
  • S’appuyer sur un environnement soutenant, qu’il s’agisse d’un(e) thérapeute ou d’un groupe de soutien.

Changer est difficile parce que nos schémas inconscients, nos habitudes neurologiques, notre mémoire corporelle et nos relations influencent notre comportement bien plus que notre simple volonté. Heureusement, la psychothérapie permet d’accompagner ce processus en tenant compte de toutes ces dimensions, pour un changement qui soit à la fois profond et durable.

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